L'automne se prolonge...Heureusement, les grandes chaleurs ont disparu...Voilà longtemps que je cherche un hôte pour continuer de vous donner de mes nouvelles, j'ai enfin trouvé celui-ci, dont j'espère qu'il sera aussi facile à utiliser que le précédent.
Le principal évènement de ces dernières semaines a été la disparition de mon beau-père. Chez moi, la tristesse s'est mêlée à un regard attentif à tous les rites funèbres auxquels il m'a été donné de participer. Je voudrais seulement, en quelques séquences, vous décrire quelques rites, ceux qui m'ont le plus surpris.
Immédiatement après le décès, un petit mémorial a été installé dans la salle à manger du défunt...Un grand portrait, deux gerbes de fleurs, des aliments...et surtout, au pied de la table, un grand pot en terre dans lequel vont être brûlés pendant deux jours des paquets de papier grossier jaune représentant de l'argent nécessaire au mort...La famille, les voisins, les amis, les connaissances défilent pendant deux jours...Quelques scènes de cris et de pleurs hystériques me donnent des frissons...Pendant ce temps, tous les habits du défunt sont rassemblés pour être brûlés, seule manière pour qu'il s'en serve, là où il est...A chaque repas, on place des aliments sur la table du mémorial. Pendant ce temps, au pied de l'immeuble, s'amoncellent des gerbes de fleurs et des couronnes de papier, expédiés par les amis et les relations...
Au petit matin du troisième jour, le cérémonial des obsèques commence. En procession, le fils du défunt, mon beau-frère, porte solennement le pot plein de cendres jusqu'à la rue, et le jette bruyamment à terre, dégageant un nuage de fumée noire...le défunt sera bien fourni en argent...
Au crématorium, le travail s'effectue à la chaîne... Des bus par dizaines...Quelques familles se sont vêtues des habits grossiers en toile de jute, en signe de deuil... Après un dernier adieu au mort, dans un cercueil d'apparat, après les dernières scènes de douleur hystérique, on s'agrippe aux fenêtres de l'immense salle de crémation, pour apercevoir "notre mort" une dernière fois...Et on fait la queue pour recueillir, l'urne de ses cendres...
Commence alors une longue procession vers la tombe…Je marche en tête, portant un portrait du défunt. Vient ensuite mon beaufrère, avec l’urne, suivi de tous les membres de la famille…Ma belle-mère reste à la porte du cimetière, soutenue par des amies…Je crois comprendre que c’est pour éviter que le défunt ne s’accroche à elle…Nous montons lentement les nombreuses marches, au milieu d’innombrables tombes, toutes semblables…L’urne est déposée, sa façade exposée en direction du paysage le plus agréable…La tombe est scellée, pendant que des pétards explosent pour chasser les mauvais démons…On brûle encore des papiers jaunes…On en brûle aussi près des tombes à côté, pour favoriser un bon voisinage…Et on s’en va, en prenant soin de ne pas se retourner, de peur que le mort ne nous suive… Avant de sortir du cimetière, on franchit une petite gerbe de paille enflammée, et on se passe un peigne dans les cheveux,pour signifer qu’on entre dans une nouvelle vie…Pour rentrer en ville, on emprunte un autre itinéraire qu’à l’aller, de peur que le défunt ne revienne…
La vie continue...Cette semaine, nous avons repris les cours d'espéranto à l'école Baotalu...En voici deux photos...